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Naturisme
20 août 2007

Japon : le grand retour aux sourcesAvide de




Japon : le grand retour aux sources

Avide de tradition, la jeunesse du pays redécouvre les sources d'eau chaude ("onsens"), prétextes à des baignades en pleine nature. Balade relaxante sur l'île volcanique de Kyushu.
Extraits du VSD du 23 novembre au 13 décembre 2005

 

1. COMMUNAUTAIRE.

Seul accessoire autorisé, une serviette éponge, dont les femmes se servent quelquefois dans un ultime geste de pudeur pour se cacher le ventre mais que l'on pose le plus souvent, pliée en quatre, sur le sommet du crâne pour se laisser aller aux bavardages entre copines.

2. FAMILIAL.

Dans la petite cité thermale de Kurokawa, familles, hommes d'affaires, jeunes couples ou bandes de copains abandonnent leurs vêtements occidentaux et se baladent d'une source à l'autre vétus de leur yu kata, ces jolis kimonos traditionnels en coton coloré.

3. VOLCANIQUE.

L'eau des "onsens" est riche en minéraux, dont le soufre, qui confère cette teinte plus ou moins laiteuse aux sources naturelles de l'île de Kyushu. Ici, à Kurokawa, scène intime entre une mère et son petit garçon.


4. PATRIMONIAL.

A Yufuin, les amateurs d'eaux chaudes logent dans des ryokans, ces très beaux hôtels traditionnels qui perpétuent l'art de recevoir selon les règles parfaites du savoir-vivre japonais, repas et tatamis compris.

 

EN AMOUREUX.


Très "Iooké", ce jeune couple rencontré à Kurokawa n'hésite pas à replonger dans la tradition des bains pour découvrir la beauté de son pays. Petits paniers de plastique à la main, ils passent d'une source à l'autre. Un tourisme en nette expansion auprès de la jeunesse japonaise branchée.


 


  LE RITUEL DU BAIN, pris en commun, se pratique depuis des siècles. Sans la moindre pudibonderie entre les hommes et les femmes.

Plongées jusqu'aux épaules dans l'eau chaude et laiteuse d'une baignoire naturelle creusée dans la roche, Keiko et Misao profitent du dernier rayon de soleil. Ce timide signe d'automne est venu se faufiler après l'orage entre les branches d'un érable, planté au bord du bassin. Nous sommes à Kurokawa, petite cité thermale perdue entre les pins de l'île volcanique de Kyushu. Il est 17 heures et les deux amies enchaînent leur troisième bain à plus de 40°C de la journée. Sans compter celui qu’elles ont pris la veille dès leur arrivée dans leur « ryokan ». Car, ici, les hôtels traditionnels sont généralement associés à l'exploitation de ces sources naturelles.

Sorte de bout du monde situé à l'extrémité sud du Japon, Kyushu est connue pour la beauté de ses paysages de montagne. Mais, l'île est surtout réputée pour la diversité et la qualitéde ses nombreuses sources naturelles, ces fameux « onsens », objets d'uri. Véritable culte au sein de la société japonaise. Keiko et Misao ont sacrifié une bonne partie du pécule prélevé sur leur modeste salaire d'employées de bureau pour venir « prendre les eaux ». Ces deux jours à la campagne leur coûtent à chacune 60 000 yens, soit 450 euros (avion et ryokan compris). Une somme importante comparée aux 180 000 yens (1 300 euros) qu'elles gagnent chaque mois. Mais, peu importe. A 27 ans, comme de nombreux jeunes de leur âge, elles habitent encore chez leurs parents dans la banlieue de Tokyo. Elles peuvent ainsi se permettre de dépenser leurs économies comme bon leur semble.


DANS TOUT L'ARCHIPEL, ON COMPTE PLUS DE DE VINGT MILLE ONSENS


Les vingt mille onsens qui parsèment le territoire japonais de l'île d'Hokkaido (au nord) jusqu'à celle de Kyushu (au sud), font partie des escapades les plus prisées du moment auprès d'une jeunesse avide de redécouvrir l'environnement et l'art de vivre traditionnel de leur pays. Un tourisme local en nette expansion depuis les attentats du 11 septembre 2001.

PURIFICATION.

A l'écart de la source, dans un petit espace réservé à la toilette, chacun se savonne avec soin, assis sur de petits tabourets de bois.
Il s'agit ensuite de se rincer minutieusement à l'aide d'un baquet ou d'un pommeau de douche avant de se glisser, parfaitement propre, dans l'eau.

 

Isolées en pleine nature, associées à des ryokans ou regroupées dans de petites stations thermales telles que Kurokawa, qui en compte vingt-quatre à elle seule, ces sources tiennent plus du rituel de purification ou de la quête d'harmonie entre le corps et l'esprit que de la cure de thalassothérapie.
D'abord, il y a les règles immuables. Car, si les onsens ont tout du bain chaud, il ne s'agit en aucun cas de venir s'y laver. Avant de s'y glisser dans le plus simple appareil -inutile de porter un maillot de bain, il est proscrit -on doit auparavant sacrifier au rite d'une toilette minutieuse, assis sur de petits tabourets en bois - ou en plastique -disposés à l'écart du bain. Ensuite, chacun entre dans l'eau sans faire de vagues. Car il ne s'agit pas de battre des pieds ou d'esquisser quelques mouvements de brasse dans ces eaux paisibles où hommes et femmes se baignent ensemble sans aucune gêne face à leur nudité.

Une fois dans l'eau, que fait-on ? Rien. Excepté profiter de la chaleur et des vertus thérapeutiques ou déstressantes des différentes eaux riches en minéraux ou en soufre. L’exercice consiste simple-ment à trouver une position confortable dans ces bassins peu profonds où le déplacement en crabe, aidé des mains, est vivement recommandé. Assis ou accroupi, lové près de l'origine de la source -là où l'eau est la plus chaude -, calé contre un rocher ou allongé au milieu de la retenue, on cherche son coin avant de se laisser aller à cette douce torpeur qui délie les langues, se prête aux confidences et aux sourires esquissés. Parfois, comme dans cette grotte perdue au bord d'une route de campagne, on peut descendre boire une gorgée d'eau aux vertus curatives ou remplir une bouteille directement à la source. En dehors de ces activités épuisantes, rien d'autre à faire que se délasser. Voilà pour le mode d'emploi.


AMBIANCE FAMILIALE OU PLUS CHIC, SELON LES MOYENS DE CHACUN

Quant aux lieux, outre ce joli village de Kurokawa, dédié aux onsens disséminés autour d'une jolie rivière, l'amateur d'eau chaude ne manquera pas de visiter Yufuin. Si, à Kurokawa, l'ambiance est familiale et bon enfant (trois onsens ou rotenburos, bains extérieurs, pour 1 200 yens soit 10 euros), le village de Yufuin joue dans la catégorie supérieure. Au pied du mont Yufu, cette bourgade de carte postale située à une petite heure de train d'Oita, capitale de la région, est réputée pour ses fumerolles et la beauté de son lac. Mais le lieu a surtout bâti sa réputation sur le luxe parfait de ses ryokans.


Ici, la nature prodigue ses bienfaits avec largesse et les établissements haut de gamme sont pris d'assaut tout au long de l'année par une clientèle japonaise et coréenne qui n'hésite pas à s'offrir des nuitées à plus de 60 000 yens par personne(450 euros). Une fortune certes, justifiée par un accueil à l'ancienne -dîner, petit-déjeuner et service personnalisé d'une geisha pour chaque chambre -auquel tiennent les propriétaires de ces lieux traditionnels qui luttent contre la concurrence des séjours à l'occidentale, sans repas et sans égards.


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